On continue la suite de mes aventures dans le Sichuan avec une randonnée particulièrement sportive et spirituelle puisqu’il s’agit de l’ascension des 60 000 marches du Mont Emei. Si tu aimes la montagne, la forêt, les temples, les singes, le kung-fu et user la semelle de tes chaussures… cet article devrait te plaire !
Le Mont Emei (ou Emeishan en chinois) est l’une des quatre montagnes sacrées bouddhiques de Chine. Situé dans la cordillère du Qionglai, dans le Sichuan, ce massif est une merveille de la nature recouverte d’une forêt particulièrement riche en végétation et en espèces animales (notamment des singes). En plus de ce que nous offre la nature, le Mont Emei attire les visiteurs pour son histoire, son importance culturelle et spirituelle. Il abrite tout du long de ses 60 000 marches des statues d’éléphants blancs et des temples. Mais c’est surtout le temple d’or, le temple de bronze et la statue dorée de la déesse en son sommet qui fascinent les voyageurs.
L’arrivée à Emeishan
Pour se rendre à Emeishan, le plus simple est de partir directement de Chengdu. Si tu prévois, comme moi, d’aller voir le Grand Bouddha de Leshan avant d’explorer le Mont Emei c’est l’idéal et tu ne regretteras absolument pas ta visite… c’est exceptionnel ! La ville d’Emeishan est à un peu plus de 20 km de Leshan, soit 15 minutes en train. Le ticket de train en seconde classe est à 11 yuans (environ 1,4€) et pour 1 yuan de plus (13 centimes) tu pourras même voyager en première classe.
Une fois arrivé à Emeishan, j’ai profité de ma première journée pour explorer la ville et ses environs. Il faut savoir que la zone de départ des ascensions est un peu touristique et donc plus chère que le reste de la ville. Pour déjeuner, je m’en suis un peu éloigné et ça m’a permis de goûter quelques délicieuses spécialités locales à tout petit prix. Comme les touristes ne se baladent généralement pas dans le reste de la ville (à même pas 10 minutes à pied), je peux t’assurer que tu seras royalement accueilli un peu partout. Il faut juste savoir que peu de personnes parlent anglais à la campagne et deux solutions s’offrent à toi : tenter de communiquer comme tu peux (avec tes mains) ou être accompagné de quelqu’un qui parle chinois. De mon côté, ma compagne est chinoise… ça aide pas mal !
Sur le chemin des temples du Mont Emei
L’aventure commence véritablement sur une grande place qui se trouve en haut de la rue principale de la ville d’Emeishan. On la reconnait directement avec ses statues d’éléphants noirs fleuries, sa grande cloche et son impressionnante cascade. On commence bien les choses, c’est un avant goût déjà très sympathique de ce qui nous attend par la suite. Étonnamment, il n’y a pas grand monde sur cette place. Je pense que beaucoup de visiteurs chinois prennent directement le bus pour monter au sommet de la montagne sans passer par cette étape pourtant incroyable. Personnellement, je ne trouve ça pas plus mal, ça m’a permis de découvrir beaucoup de choses très tranquillement. Et il faut bien avouer que cette tranquillité dans la forêt ou dans des temples est un bonheur… c’est particulièrement relaxant !
A partir de cette place, j’en ai vraiment pris plein les yeux. J’espère que ce sera aussi ton cas avec cet article et mes modestes photos parce que j’ai vraiment adoré découvrir tous ces temples au milieu de la forêt, un peu perdus dans la montagne.
A peine quelques pas de faits qu’on aperçoit un premier temple qui se dessine. Mais le plus fou n’est peut être pas ce temple mais les sculptures qui ornent le chemin avant d’y arriver. Directement taillées dans la pierre rouge de la montagne, des scènes de Bouddhas d’une extrême finesse s’offrent à nous. On ne me peut que s’émerveiller devant le niveau de détails et la beauté de ces réalisations.
Le premier temple de la longue série à suivre est dédié à la naissance et à l’art du kung-fu. Ce temple n’est aujourd’hui plus spécialement un lieu de prière et recueillement mais plutôt un musée retraçant les origine de cet art martial chinois. Le temple est assez petit, on peut faire le tour en une dizaine de minutes mais quelques vestiges d’exception sont exposés dans son sous-sol. Sans être une grosse claque ni une visite incroyable, j’ai passé un moment sympathique à admirer les statues, les tablettes gravées et à me faire expliquer un peu plus en détails la naissance du kung-fu et son important dans la culture chinoise.
Si tu souhaites en apprendre un peu plus sur le lien entre le kung-fu et Emeishan, je t’ai trouvé un super article (sur le blog Kung-Fu Paris) qui explique tout précisément jusqu’aux styles qui y sont rattachés.
La véritable aventure sportive débute à la sortie de ce temple. On attaque les premières séries de marches en pleine forêt, tranquilles. Le seul bruit qui nous accompagne en ce début d’ascension est celui du vent dans les feuilles, des ruisseaux qui coulent et des animaux dans la nature. Si tu cherches un endroit pour te ressourcer, réfléchir et couper avec le monde, je te promets que cette randonnée te fera le plus grand bien. Ajoute à ça le défi sportif de la montée et l’atmosphère spirituelle des temples, tu ressortiras de cette aventure avec les idées plus claires que jamais.
Il a plu pendant la nuit passée et les marches sont assez glissantes. Pour dire, j’ai posé mon pied sur une marche couverte de mousse humide et je ne sais toujours pas comment j’ai réussi à me rattraper. Notre prochaine étape est un temple de moniales (moine au féminin) vraiment magnifique hébergeant des petites merveilles en son sein.
Ce premier temple de femmes est le 伏虎寺 Fuhu Temple. A titre personnel, c’est mon préféré de l’ascension. Il n’est pas aussi “propre” et ne semble pas aussi riche que le Baoguo Temple dont je te parlerai plus tard, mais il dégage une atmosphère et une authenticité qui m’ont beaucoup marqué.
Pour accéder à ce temple il faut déjà grimper un sacré nombre de marches d’escalier. Ce n’est pas toujours droit, c’est très étroit et ça peut être humide donc on fait gaffe. Une fois le dernier (et certainement le plus pentu) escalier passé, nous arrivons face à un temple assez imposant. Le temple est, en gros, divisé en 3 parties qui ne sont pas visibles quand on arrive. Les arbres cachent une bonne partie de celui-ci et ce serait une erreur de faire demi-tour ou de passer à côté en se disant qu’il n’y a rien à voir à l’intérieur.
La première partie du temple est composée d’espaces où sont exposées des statues, d’une jolie cour intérieure et d’une salle de prière pour les moniales. Gros coup de chance, elles étaient en train de prier quand je suis passé. C’est très impressionnant et à voir au moins une fois dans sa vie. L’une d’entre elles bat un rythme sur une cloche et toutes les autres lisent des textes dans le tempo. Il n’y en a pas une qui va plus ou moins vite que les autres, tout est parfaitement cadencé… c’est super impressionnant !
La deuxième partie est une grande salle de prière ornée de statues dorées plus belles les unes que les autres. Je n’ai pas de photo à te montrer étant donné que c’était interdit d’en prendre mais je peux t’assurer que cette salle est absolument superbe. Elle est apaisante, ouverte au public notamment (pour que chacun puisse prier) et très imposante.
La dernière partie du temple est accessible en grimpant encore quelques marches, c’est comme un temple dans le temple. Il s’agit en fait d’une galerie de 1000 statues dorées surplombant le temple et une partie de la montagne. J’ai pu prendre quelques photos avant de me rendre compte une fois sorti qu’il y avait un tout petit panneau indiquant qu’on ne pouvait pas en prendre. J’en partage du coup quelques unes pour te mettre l’eau à la bouche et t’inviter à visiter cette curiosité mais éviterai de toutes les poster.
Le temple suivant n’est vraiment pas loin de celui-ci, il faut compter 10 minutes environ pour s’y rendre. Il s’agit du 报国寺 Baoguo Temple, un temple d’homme à l’allure plus luxueuse que le précédent. D’après ce que j’ai compris, les temples pour moines sont plus visités que ceux pour moniales et perçoivent donc plus de dons, vendent plus d’encens, etc. ce qui permet d’entretenir plus facilement les lieux. Il n’empêche que, malgré le fait que tout soit beau, bien taillé et propre, j’ai eu un gros coup de cœur pour celui de femmes.
Le Baoguo Temple est moins aérien que le précédent mais lui aussi composé de plusieurs parties. Il faut reconnaître qu’il est vraiment superbe mais un peu plus “touristique” (avec des guillemets parce qu’il n’y a pas foule non plus). Il est surplombé par une grande cloche et la plupart des visiteurs viennent clairement là pour faire une prière.
Si tu comptes visiter ce temple, voici quelques conseils :
- Pense à monter tout en haut, tu as une très belle salle de prière. Le Bouddha est magnifique et il y a beaucoup d’offrandes.
- Évite les boutiques qui sont particulièrement chères.
- Tu peux laisser une petite prière individuelle comme sur la dernière photo.
Il y a en tout 6 temples au Mont Emei, j’en ai fait 4 ou 5 au total, mon préféré restant le Fuhu Temple.
Le sommet du Mont Emei
Voilà ce qui attire véritablement les visiteurs : le sommet du Mont Emei avec sa statue dorée gigantesque et ses deux temples. La plupart des chinois font le choix de monter en bus et de terminer avec une ascension éclair en téléphérique. Hop, on te dépose directement au sommet ! Franchement, je peux comprendre. Parce que 60 000 marches… tu les sens passé. Personnellement, j’étais motivé mais j’ai galéré comme pas possible. Ma compagne a réussi à monter une bonne partie mais a du redescendre pour prendre le téléphérique au bout d’un moment. Elle était épuisée. Plus j’avançais et moins il restait de monde. J’ai fait un petit bout de route avec un vieil homme chinois avec qui je ne pouvais pas communiquer. On écrivait dans la terre le nombre de kilomètres qu’il nous restait à grimper, j’en garde un super souvenir.
Il n’empêche que cette ascension c’est un défi assez fou mais qui vaut le coup. Depuis les escaliers, j’ai pu voir des paysages vraiment incroyable et même rencontrer un singe !
Et le clou du spectacle est bien évidemment le sommet du Mont Emei. On passe bien évidemment par une zone touristique pas forcément terrible avec des restaurants, des snacks et des boutiques de souvenirs avant d’enfin arriver à l’escalier final. Des éléphants blancs encadrent les marches et sont surplombées de l’incroyable statue dorée et des deux temples qui trônent fièrement tout en haut de la montagne. Il y a forcément plus de monde que sur les marches du parcours mais le spectacle n’en reste pas moins spectaculaire. Un lieu d’exception avec une vue à couper le souffle. Je sais que beaucoup n’aiment pas les lieux dits “touristiques” mais des endroits comme celui-ci ne le sont pas pour rien, c’est véritablement fabuleux.
Voilà mon expérience au Mont Emei, une aventure assez folle mais j’en garde un grand souvenir. Ce n’est pas la fin de mes péripéties en Chine et quelques articles sont encore à venir.
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2 commentaires
Bel article ! L’ascension du mont Emei que j’ai effectué pendant mon tour du monde à vélo est un magnifique souvenir pour moi. J’ai encore en tête le bruit des gongs au réveil le matin dans un temple, c’était magique. J’ai également encore en tête les singes (aux très grandes dents) qui nous on piqué le petit sac dans le quel on avait passeport et argent. Heureusement pour nous après avoir inspecté le sac, assis tranquille dans un arbre, rien ne les intéressait, ils l’on laissé retomber. Houf… !!!
Leshan, Emeishan, que de beaux souvenirs du Sichuan lorsque j’ai passé un été à Chengdu. De plus, lorsque je suis allée à Emei shan, j’ai pu croiser des croyants qui s’agenouillaient à chaque marche. C’était magique!